Bandeau
Etude monographique du 0,50F Marianne de Béquet
Sa naissance, sa production, son utilisation postale

Ce site philatélique étudie le timbre 0,50F Marianne de Béquet, depuis sa conception jusqu’à son utilisation postale en passant par les différentes présentations dont il a fait l’objet.

Variétés

Introduction

Nous avons vu dans l’article Les aspects du timbre 0,50 F Marianne de Béquet la définition des notions d’aspect et de variété. Rappelons donc qu’une variété est une modification accidentelle d’un des composants industriels constituant le timbre-poste. Dans cet article, je vais montrer un certain nombre de ce que je considère comme des variétés, en essayant d’expliquer à chaque fois la cause technique de celles-ci. Comme toutes les présentations du 0,50F Marianne de Béquet ont été produites par le procédé de la taille douce, ce chapitre s’intéressera indifféremment aux timbres provenant de feuilles, de carnets ou de roulettes, puisque les causes techniques de ces variétés seront le plus souvent semblables.

On peut distinguer cinq sortes de variétés pouvant affecter les timbres au type 0,50F Marianne de Béquet, liées aux altérations du cliché, aux défauts d’impression, au papier et à la gomme, à la perforation des timbres et enfin à l’impression des bandes phosphorescentes.

Variétés de cliché

Les variétés de cliché correspondent aux altérations du cliché que sont les points, les rayures, les griffes verticales, en couleur ou en blanc, les cratères, les anneaux-lunes...

Bande de 3 timbres dont un avec un "rocher" blanc. Au survol de cette image avec la souris, on fait apparaître un agrandissement de la zone du "rocher".

 

Timbre sur lettre avec un point blanc. Au survol de cette image avec la souris, on fait apparaître un agrandissement de la zone du point.

La cause d’une variété telle qu’un point (appelé aussi « grain de beauté », « rocher », « mouche »...) peut être un amas minuscule de gomme à l’intérieur des spires de la bobine de papier qui est venu se coller sur le cliché et qui, après encrage, laisse cette marque après l’essuyage. Il n’y a pas de creux, mais au contraire une bosse, qui garde l’encre non essuyée tout autour, avec une traînée dans le sens de l’impression. Une telle variété peut également être obtenue par le décrochement d’une particule de chrome du cliché qui laisse, en étant projetée hors de l’ensemble imprimant, un petit enfoncement dans le cliché qui va se comporter comme une taille.

 

Bloc de 4 timbres dont un avec une "chenille" blanche. Au survol de cette image avec la souris, on fait apparaître un agrandissement de la zone de la "chenille".

 

Les griffes verticales sont provoquées par le détachement d’une particule de chrome du cylindre d’impression qui vient se piquer sur le cylindre essuyeur et raye à son tour le cylindre d’impression.
 

 

Timbre neuf avec griffe verticale rouge. Au survol de cette image avec la souris, on fait apparaître un agrandissement de la zone du trait.
Timbre sur lettre avec une griffe verticale rouge. Au survol de cette image avec la souris, on fait apparaître un agrandissement de la zone de la griffe.

Les cratères sont les traces laissées par de petites aspérités qui se sont formées sur la pellicule de chrome protégeant le cylindre.

Les anneaux-lunes sont de petits cercles non imprimés provenant de picots de dentelure se collant sur le papier avant l’encrage et autour desquels se forme un dépôt d’encre plus épais.

Variétés d’impression

Les variétés d’impression concernent les incidents liés à l’impression des timbres-poste et qui peuvent être dus à l’encrage ou à l’essuyage. Des variétés peuvent également affecter les surcharges apposées sur les timbres et les impressions de service.

Variétés liées à l’encrage

Ce type de variété correspond au cas où l’encrier se vide et cesse d’approvisionner les rouleaux pendant quelques instants. On peut alors obtenir des timbres avec impression partielle pouvant aller jusqu’à des timbres avec impression à sec, où seul le relief est présent.
 

coin daté de feuille avec impression partielle

 
 [*]

paire de carnet avec impression partielle et trait rouge dans la marge

 

bande de 3 timbres avec impression dépouillée

 

feuillet supérieur d’un carnet C7 avec dix timbres imprimés à sec

 

lettre avec un timbre avec impression très dépouillée

 

Variétés liées au cylindre répartiteur

Le cylindre répartiteur étale l’encre sur le cylindre toucheur. S’il comporte des creux, ceux-ci ne recevront pas d’encre et le cylindre toucheur laissera donc une zone blanche, comme on peut le voir sur l’exemple suivant :
 

défaut d’encrage dû à une mauvaise répartition de l’encre

 

On peut comparer cette variété avec la variété impression partielle qui lui ressemble un peu sans avoir une cause semblable.

Variétés liées à l’essuyage

Les rouleaux essuyeurs sont chargés d’éliminer l’encre superflue déposée sur la surface du cylindre pour ne laisser subsister que celle contenue dans les tailles. Si la pression exercée par ces rouleaux essuyeurs n’est pas correcte, on peut obtenir différentes variétés :

  • si la pression est mal réglée, les feuilles de papier sont légèrement teintées (papier rosé) ;
  • si la pression est insuffisante, on obtient des maculatures sur les timbres ;
  • si la pression est trop forte, on vide les tailles d’une partie de leur encre et on obtient des impressions dépouillées ou pâles, des chiffres évidés, ...

Il existe enfin des cas où on observe des bavures de couleur dans les marges des feuilles.

timbres oblitérés sur papier rosé (cylindres essuyeurs mal réglés)
timbre maculé d'encre

 

bande de 5 timbres de feuille avec 2 timbres avec défaut d’essuyage

 

lettre avec un timbre de feuille sans bande phospho avec défaut d’essuyage

 

bande de 5 timbres provenant d’un carnet de 20 avec 2 timbres avec défaut d’essuyage

 

Variétés liées aux surcharges

Dans le cas de surcharges apposées par typographie à plat (ce qui est le cas du 0,50F Marianne de Béquet surchargé 25F C.F.A.), on peut trouver les variétés suivantes :

  • un décalage de la surcharge, qui peut être vertical, la surcharge n’étant pas positionnée au bon endroit ou en biais, occasionnée par un basculement de la feuille de timbres ;
     
    bande de 4 timbres avec surcharge 25F CFA légèrement en biais et décalée à droite

     

    lettre avec un timbre dont la surcharge 25F CFA est déplacée verticalement de 13 mm

     

    lettre avec un timbre dont la surcharge 25F CFA est déplacée verticalement de 17 mm

     

  • un timbre sans surcharge tenant à surchargé ;
     
    bas de feuille de 10 timbres issu du 9ème tirage avec 5 timbres surchargés 25F CFA tenant à non surchargés

     

    bande de 10 timbres avec 3 timbres non surchargés tenant à 7 timbres surchargés 25F CFA

     

D’après un article de A. VAILLY dans le Bulletin du CAM, la pièce ci-dessus proviendrait du 25ème tirage : il aurait vu une bande de dix timbres identique à celle ci-dessus avec la date 73 dans la marge droite obtenue par un report dû à un séchage insuffisant.

  • des variétés liées à l’encrage : encre de la surcharge pénétrant profondément dans le papier (surcharge recto-verso) ou surcharge grasse due à une encre plus épaisse.
     
    bloc de 4 timbres surchargés 25F CFA avec traces de surcharge au verso, l’encre ayant pénétré le papier

     

Variétés concernant les indications de service

Les indications de service peuvent être erronées (année non conforme, jour chômé) ou imprimées partiellement ou totalement à sec.
 

coin daté de 10 timbres avec indicatif de presse quasiment à sec (TD6-7) et date imprimée à sec (les 2 traits sont ceux du cylindre AI)

 

CD12 du 26ème tirage daté du 10.2.74 qui était un dimanche

 

Variétés de support

Celles-ci sont associées à tout ce qui touche le papier ou la gomme du timbre.

Variétés concernant la gomme

Rappelons que deux sortes de gommes ont été utilisées pour le 0,50F Marianne de Béquet, donnant lieu à deux aspects différents : la gomme métropolitaine (la plus utilisée donc appelée aussi gomme normale) et la gomme tropicale, appelée aussi gomme mate, utilisée pour la confection des roulettes et pour certains tirages pour les DOM-TOM. 
 

bloc de 4 timbres avec gomme métropolitaine à gauche et gomme tropicale à droite

 

La principale variété liée à la gomme est la décalque au dos du timbre due à l’empilement des feuilles alors que l’encre n’est pas totalement sèche.
 

décalque légère au dos d’un CD4 du 3ème tirage

 

décalque au dos d’une paire de timbres

 

Variétés concernant le papier

Pour le papier, il faut noter qu’il existe beaucoup de papiers différents, notamment pour leur réaction sous U.V. Même si ces différences ne constituent pas vraiment des variétés, les papiers utilisés vont de papiers gris sous U.V. à des papiers blancs lumineux sous U.V. :
 

Lettre avec un timbre sans bande phosphorescente gris sous UV.
Au survol de cette image avec la souris, on fait apparaître une photo sous UV de ce timbre.
~
Lettre avec un timbre sans bande phosphorescente lumineux sous UV.
Au survol de cette image avec la souris, on fait apparaître une photo sous UV de ce timbre.
~
Lettre avec un timbre avec 3 bandes phosphorescentes au type A gris sous UV.
Au survol de cette image avec la souris, on fait apparaître une photo sous UV de ce timbre.
~
Lettre avec un timbre avec 3 bandes phosphorescentes au type B lumineux sous UV.
Au survol de cette image avec la souris, on fait apparaître une photo sous UV de ce timbre.

 

Le type de variété le plus connu dans cette catégorie est le pli accordéon. Lors de son parcours sur la presse rotative, la bande de papier, préalablement humidifiée pour faciliter l’impression, passe entre les deux cylindres pour être imprimée et est entraînée tendue par un frein sur la bobine. Le papier est bien à plat grâce à la tension, mais si la bobine est déplacée latéralement pour une raison ou une autre, un pli se forme un certain temps à l’impression, toujours dans le sens de rotation de la presse, et se poursuit lors de la perforation. Lorsque on ouvre le pli, il apparaît donc une bande plus ou moins large non imprimée.

Il peut également arriver un défaut dans la fabrication du papier, qu’on pourrait appeler "pâton", venant faire une surépaisseur à l’impression du timbre.
 

bande de 3 timbres avec un pli acordéon (?) sur le timbre du milieu

 

Variétés de piquage

Celles-ci sont liées à la réalisation des dents des timbres. Cela peut aller du simple décentrage du timbre jusqu’au non dentelé accidentel (tenant ou non à dentelé) en passant par le piquage à cheval.
 

piquage à cheval d'un bloc de 4 timbres sans barre phosphorescente de carnet
piquage à cheval d'une paire de timbres de roulette sans barre phosphorescente
piquage à cheval d'un timbre de feuille sans barre phosphorescente tenant à bord de feuille

 

bande verticale de 5 timbres de roulette sans barre phosphorescente avec piquage vertical et décalage horizontal de la découpe

 

lettre avec un timbre sans barre phosphorescente décentré

 

lettre avec un timbre avec 3 barres phosphorescentes décentré

 

Variétés concernant les bandes phosphorescentes

Cette section concerne l’étude des variétés portant sur les 3 bandes phosphorescentes qui ont été imprimées sur une partie des timbres au type Marianne de Béquet à 0,50F.

Suivant une étude du Monde des Philatélistes de Dr. Le Tensorer, G. Sohier et J.L. Madron, nous allons distinguer quatre groupes de variétés concernant les bandes phosphorescentes :

Le groupe I

Dans ce groupe, les bandes phosphorescentes sont déplacées verticalement ou horizontalement ou à la fois horizontalement et verticalement.
 

paire de timbres avec décalage vertical vers le haut des bandes phosphorescentes
et impression de celles-ci dans la marge haute
paire de timbres avec décalage vertical vers le haut des bandes phosphorescentes
et bandes courtes sur le timbre du bas
timbre avec un décalage vertical vers le bas des bandes phosphorescentes
timbre avec un décalage horizontal des bandes phosphorescentes (timbre avec 4 bandes)
timbre avec un décalage horizontal et vertical des bandes phosphorescentes

 

Lettre avec 1 timbre avec bandes phosphorescentes décalées verticalement.
Au survol de cette image avec la souris, on fait apparaître une photo sous UV de ce timbre.
~
Lettre avec 1 timbre avec bandes phosphorescentes décalées verticalement.
Au survol de cette image avec la souris, on fait apparaître une photo sous UV de ce timbre.
~
Lettre avec 1 timbre ayant 4 bandes phosphorescentes par décalage horizontal de l'impression des bandes phosphorescentes.
Au survol de cette image avec la souris, on fait apparaître une photo sous UV de ce timbre.

 

Le groupe II

Ici, les bandes phosphorescentes ont des « manques » : on peut avoir des cassures, un assèchement de la surcharge phosphorescente, des traces phosphorescentes...
 

timbre oblitéré avec bandes minces et effilées (et décalage vertical)
timbre oblitéré avec bandes minces et déformées
paire de timbres oblitérés avec bandes évidées (au type B)
timbre oblitéré avec bandes cassées (1)
timbre oblitéré avec bandes cassées (2)
timbre oblitéré avec la bande gauche évidée
timbre oblitéré avec bandes minces et cassées
timbre oblitéré avec une grande cassure sur la bande de gauche
timbre oblitéré avec une trace phosphorescente

 

Lettre avec un timbre avec une grande cassure sur la bande phosphorescente de gauche.
Au survol de cette image avec la souris, on fait apparaître une photo sous UV de ce timbre.
~
Lettre avec un timbre avec une grande cassure sur les bandes phosphorescentes de gauche et de droite.
Au survol de cette image avec la souris, on fait apparaître une photo sous UV de ce timbre.
~
Lettre avec un timbre avec une grande cassure sur les 3 bandes phosphorescentes.
Au survol de cette image avec la souris, on fait apparaître une photo sous UV de ce timbre.

 

Le groupe III

On va trouver dans ce groupe des timbres où les bandes phosphorescentes sont « en excès » : on peut avoir des bandes baveuses, des bandes soudées... Cela peut aller jusqu’à des timbres entièrement phosphorescents (je n’en connais pas pour le 0,50F Marianne de Béquet, alors que j’en ai vu pour le 0,80F rouge ou le 1,00F rouge).
 

paire de timbres sur papier neutre avec bandes phosphorescentes continues
timbre oblitéré sur papier luminescent avec bandes phosphorescentes continues
timbre oblitéré avec des bandes larges
timbre oblitéré avec des bavures en pointillés
timbre oblitéré avec des bavures en haut du timbre
timbre oblitéré avec des bavures en trainée
timbre oblitéré avec encre phosphorescente en excès

 
 

Lettre avec un timbre avec une tache d'encre phosphorescente.
Au survol de cette image avec la souris, on fait apparaître une photo sous UV de ce timbre.
~
Lettre avec un timbre avec des bavures en trainées.
Au survol de cette image avec la souris, on fait apparaître une photo sous UV de ce timbre.
~
Fragment de lettre avec un timbre avec encre phosphorescente en excès.
Au survol de cette image avec la souris, on fait apparaître une photo sous UV de ce timbre.

 

Le groupe IV

Dans ce groupe, les timbres possèdent un nombre de bandes phosphorescentes inférieur à celui que l’on trouve sur le timbre type (donc inférieur à 3 pour le 0,50F rouge).
 

Pour le 0,50F Marianne de Béquet, il existe des timbres issus de carnets avec 2 bandes phosphorescentes par décalage horizontal lors de l’impression de ces bandes.
 

feuillet supérieur d’un carnet C9 : on voit dans la marge gauche les barres phosphorescentes larges et décalées

 

photo sous U.V. du carnet ci-dessus

 

photo sous U.V. d’un timbre issu d’un carnet de 20 avec 2 barres phosphorescentes au type A par décalage horizontal