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Etude monographique du 0,50F Marianne de Béquet
Sa naissance, sa production, son utilisation postale

Ce site philatélique étudie le timbre 0,50F Marianne de Béquet, depuis sa conception jusqu’à son utilisation postale en passant par les différentes présentations dont il a fait l’objet.

Les aspects du timbre 0,50 F Marianne de Béquet

Introduction

Après avoir rappelé la notion fondamentale d’aspect d’un timbre en philatélie, nous décrirons les éléments susceptibles de créer des aspects concernant le timbre 0,50 F Marianne de Béquet. Nous définirons alors les 17 aspects différents recensés pour le timbre 0,50 F Marianne de Béquet avant de fournir des informations statistiques concernant les aspects du 0,50 F Marianne de Béquet émis en feuilles.

La notion d’aspect en philatélie

Ce site est consacré à l’étude d’un timbre d’usage courant (TUC), la Marianne de Béquet à 0,50 F. Ce type d’étude doit être centré sur la notion d’aspect telle que l’a introduite J.J. RABINEAU dans « Timbres de Tous Les Jours » :

Un timbre-poste est un produit industriel. A ce titre, la production d’un timbre-poste est issue de processus industriels interférant avec des composants industriels.

La modification d’un seul de ces composants ou de ces processus génère un nouvel aspect. Si cette modification est accidentelle, c’est une variété qui est générée.

Les aspects pouvant concerner le timbre 0,50 F Marianne de Béquet

Pour le timbre 0,50 F Marianne de Béquet, les divers composants ou processus industriels mis en jeu sont le matériel d’impression, la dentelure, l’existence ou pas de bandes phosphorescentes, le type de bandes phosphorescentes, le papier, la gomme, l’encre et l’existence ou pas d’une surcharge.

Le matériel d’impression

Ce timbre a été imprimé sur des presses TD6 (cf. principe des presses TD6), TD3 (cf. principe des presses TD3) et RGR (cf. principe des presses RGR).

La dentelure

Tous les timbres 0,50 F Marianne de Béquet produits (sauf le faux pour tromper la poste dit "d’Aubervilliers") ont la même dentelure 13 x 13, réalisée à l’aide de peignes (cf. peigne utilisé sur les presses TD6 pour les presses TD6 et peigne utilisé sur les presses TD3 pour les presses TD3). Cependant, l’examen de la dentelure peut permettre de déterminer l’origine d’un timbre (feuille, carnet de 10 timbres, carnet de 20 timbres ou roulette) comme c’est indiqué dans l’article Reconnaissance de la provenance des timbres.

L’existence ou non de bande phosphorescente

Certains timbres ont été produits sans bande phosphorescente, alors que d’autres ont été surchargés de 3 bandes phosphorescentes permettant le tri automatique du courrier.

La classe de bande phosphorescente

Comme on le verra dans le paragraphe consacré aux bandes phosphorescentes, on connaît trois classes de bandes phosphorescentes dénommées Pho A, Pho D ou Pho B par J.J. RABINEAU.

Le papier

 [*] Le papier est fabriqué, en général, à partir de produits de bois comme des copeaux. Ce bois doit être transformé en fibres de cellulose, soit mécaniquement, soit chimiquement. Les fibres de cellulose sont broyées finement et on y ajoute de l’eau pour obtenir de la pâte à papier. C’est à cette étape du processus que l’on peut ajouter des ingrédients pour obtenir des caractéristiques particulières du papier (colorant, apprêt de colle, azurant optique...) Cette pâte peut alors servir à faire du papier, dans de grandes machines à papier.

Pour l’impression des timbres en taille-douce, un certain nombre de caractéristiques sont demandées pour le papier, qui concernent :

Sa composition

C’est principalement du papier de norme AFNOR VII à base de chiffons qui est utilisé ;

Son grammage

Le papier utilisé a un grammage de 72 g/m2 (sans compter la gomme) ;

Sa résistance mécanique à la traction et à la pression

Celle-ci se mesure par la longueur de rupture (longueur à partir de laquelle le papier se déchire quand on l’étire) et la résistance à l’éclatement ;

La porosité

Celle-ci se mesure par le temps que met l’eau pour traverser la moitié de l’épaisseur du papier et qui est définie par le degré de collage du papier. Le degré de collage doit varier entre 15 et 40 s pour l’impression taille-douce ;

L’aptitude à l’impression

Elle dépend des caractéristiques de surface du papier (lissage...) ;

L’aptitude à la perforation

Le papier ne doit pas être trop abrasif pour éviter une usure trop rapide du dispositif de perforage ;

L’hygrométrie

En taille-douce, les fibres du papier doivent être humidifiées, dans la limite de la moitié de l’épaisseur du papier, pour que le papier aille chercher l’encre au fond des tailles, mais pas trop pour éviter que la gomme ne devienne collante.
 

En philatélie, divers types de papier ont été utilisés (avec filigrane, fluorescent, vergé, GC...). Cependant, pour le timbre 0,50 F Marianne de Béquet, les seules différences connues pour le papier utilisé concernent la présence éventuelle d’azurants optiques. Nous n’allons donc développer que cet aspect des choses.

La vision humaine perçoit le rayonnement électromagnétique de la lumière entre 380 et 780 nm environ (c’est le spectre visible). Les azurants optiques sont des molécules qui absorbent le rayonnement électromagnétique entre 300 et 400 nm (donc en dehors du spectre visible) pour le réémettre entre 400 et 500 nm (dans les bleus).

Les fibres naturelles de cellulose ont tendance à absorber les rayonnements dans les bleus et ont donc un aspect jaunâtre. Un agent azurant vient donc compenser cette perte : les couleurs jaune et bleu étant complémentaires, elles se neutralisent.

Remarque 1 : la présence d’un azurant optique dans un papier n’est détectable qu’à l’aide d’une lampe UV.

Remarque 2 : la présence d’un azurant optique dans le papier utilisé pour produire des timbres dépend apparemment du fournisseur du papier. De ce fait, la présence ou l’absence d’azurant optique pour un timbre ne peut être considérée comme un aspect de celui-ci.

La gomme

La gomme est la substance apposée au dos des timbres lors de leur fabrication. Le timbre 0,50 F Marianne de Béquet est connu avec deux types de gomme :

La gomme arabique

Cette gomme, appelée aussi gomme métropolitaine par les philatélistes, est un polymère produit naturellement par certains acacias d’origine africaine. C’est une substance constituée de longs polymères liés par une extrémité à la cellulose du papier par des liaisons esters et contenant des fonctions insaturées. Ces fonctions insaturées sont sans propriété collante à l’état anhydride, mais la moindre présence d’eau catalyse l’ouverture des insaturations de la gomme pour former une deuxième liaison ester.

Cette gomme pose des problèmes de stockage dans des conditions de forte hygrométrie (les feuilles se collent entre elles par exemple).

La gomme tropicale

C’est une gomme synthétique à base d’alcool de polyvinyle, pour laquelle des essais sont connus à partir de 1968. Cette gomme, qui ne réagit pas aux variations hygrométriques, a été introduite pour permettre la vente de timbres à l’aide de distributeurs dont certains pouvaient se trouver à l’extérieur des bureaux de poste. D’abord réservé aux timbres de roulettes (de type Cheffer), ce type de gomme a été étendu aux timbres de feuilles en 1972.

L’encre (d’imprimerie)

L’encre est un mélange complexe constitué de trois éléments principaux :

  • une matière colorante, le plus souvent constituée de pigments très finement divisés, qui représente de 5 à 25 % du poids de l’encre ;
  • le véhicule, qui est la partie fluide de l’encre, qui entre pour environ 70 % dans sa composition. C’est un mélange de polymères (résines dures, huiles végétales ou distillats pétroliers), de diluants et/ou de solvants. Son rôle est double : transporter le solvant sur le support et le fixer sur celui-ci ;
  • des additifs, qui constituent de l’ordre de 10 % du produit final (cires, siccatifs tels que des sels minéraux, composés anti-maculants...). Ils permettent d’optimiser les caractéristiques de l’encre pendant et après l’impression et sont utilisés pour faciliter la mise en œuvre de l’encre. Pour l’impression en taille-douce, l’encre est grasse et visqueuse, comme on peut le voir sur l’image suivante :

 

vue de l’encrier d’une presse TD6 (doc. ITVF)

 

En ce qui concerne le timbre 0,50 F Marianne de Béquet, on peut montrer le nuancier qui a été utilisé à Boulazac pour ce timbre :

 

nuancier utilisé pour le timbre 0,50 F Marianne de Béquet (copyright Déchets d’impression http://philatélie.expert)

 

L’existence ou non d’une surcharge 25 F CFA

Avant 1975, l’île de la Réunion utilisait le Franc CFA (Franc des Colonies Françaises d’Afrique) et il fallait donc produire des timbres en Francs CFA . Pour cela, on a utilisé des timbres de France, surchargés pour remplacer la valeur. Ces timbres étaient imprimés au "Service des Minerves", avec un passage supplémentaire sur une presse à platine de type "F.L." pour Foulon et Langenhagen.

Une presse à platine de type "F.L." est une machine en blanc : elle n’imprime qu’un côté de la feuille. Elle appartient au système plan contre plan : la forme imprimante (cadre métallique maintenant la composition) et la platine sont plates.

Une telle presse est composée :

  • d’une platine fixe verticale appelée « forme imprimante » ;
  • d’un plateau circulaire recevant l’encre. Pour une meilleure répartition de l’encre, la surface de ce cercle en acier est striée et il tourne d’un trente-deuxième de tour à chaque passe. ;
  • de rouleaux encreurs situés au-dessus du plateau encreur au repos ;
  • d’une platine mobile recevant la feuille de papier à imprimer qui sera maintenue par une raquette (tiges métalliques) ;
  • d’une pédale déclenchant le système d’impression ;
  • d’une manette située sur le côté permettant de régler la pression du plateau sur la forme imprimante ;
  • éventuellement d’un moteur électrique assurant le mouvement pour garantir une pression régulière du papier ;
  • de deux plateaux en bois servant à recevoir les feuilles avant et après l’impression.

L’impression des surcharges se fait de la manière suivante :

  • les feuilles à imprimer sont placées manuellement horizontalement sur le plateau support ;
  • l’encre est au préalable étalée à la spatule sur le plateau circulaire ;
  • les rouleaux encreurs descendent sur ce plateau circulaire et prennent de l’encre ;
  • puis ils descendent sur la forme imprimante pour y déposer l’encre ;
  • ils remontent et dégagent l’espace devant la forme imprimante maintenant encrée ;
  • la platine mobile bascule et est pressée contre la forme imprimante lorsque la platine vient à la verticale (dans ce type de machines, forme imprimante et platine sont liées par une charnière qui leur permet de s’ouvrir en V et de se fermer l’une contre l’autre, à la manière d’un livre) ;
  • l’agent retire la feuille imprimée et la stocke sur le plateau en bois.
     
    Presse à platine de type "F.L." (la presse et le margeur sont séparés) (copyright : Musée de l’Imprimerie et de la Communication Graphique)

     

Aspects connus du timbre 0,50 F Marianne de Béquet

Nous allons maintenant décrire les 17 aspects connus du timbre 0,50 F Marianne de Béquet à l’aide d’une arborescence représentant tous les cas possibles suivant les composants connus des aspects du timbre 0,50 F Marianne de Béquet. Notons que les 17 aspects différents de ce timbre représentés par les feuilles de l’arborescence sont colorés en rouge.
 

les 17 aspects du timbre 0,50 F Marianne de Béquet

 

Quelques éléments statistiques

A partir du nombre de journées d’impression des timbres de feuilles de la Marianne de Béquet à 0,50 F (et en comptant les samedis travaillés connus comme des jours normaux), il est possible d’établir des statistiques sur les divers aspects de ce timbre lorsqu’il a été émis sous forme de feuilles.

statistiques sur les aspects connus de la Marianne de Béquet à 0,50F

Cette arborescence donne les proportions entre les divers aspects du timbre 0,50 F Marianne de Béquet émis sous forme de feuilles. En effet, il faut noter qu’à l’époque de la Marianne de Béquet, aucune information sur les tirages sous forme de carnets ou de roulettes n’était fournie. On ne sait donc pas combien de timbres de carnets ou de roulettes ont été émis, et les statistiques ne peuvent concerner que les timbres émis en feuilles.